La tragi-comédie shakespearienne adaptée par le trait superbe de Julien Choy Thésée, le tyran d’Athènes, impose à Hermia d’épouser Démétrius, alors qu’elle aime Lysandre. Pour échapper à son sort, elle s’enfuit avec Lysandre, poursuivis par Démétrius et Héléna, amoureuse de ce dernier. Tous se retrouvent au cœur d’une forêt enchantée, sur laquelle règne Obéron, le roi des elfes, flanqué du lutin Puck et de ses philtres, qui vont nouer et dénouer les amours… Féerie où les mondes, les histoires d’amour et le théâtre lui-même se mélangent, Le Songe d’une nuit d’été est un classique de la comédie shakespearienne.
Les Classiques en Manga Dessins : Po Tse Adaptation : Crystal S. Chan D’après l’œuvre deWilliam Shakespeare LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ
HIPPOLYTE THÉSÉE NICK BOTTOM ÉGÉE PUCK LYSANDRE HÉLÈNE DÉMÉTRIUS OBÉRON TITANIA PIERRE QUINCE FRANÇOIS FLUTE THOMAS SNOUT SNUG ROBIN STARVELING PHILOSTRATE FLEURDES-POIS TOILED’ARAIGNÉE GRAINE-DEMOUTARDE PAPILLON HERMIA PERSONNAGES
SOMMAIRE ACTE PREMIER Scène I ...............................................................009 Scène II ..............................................................040 ACTE DEUXIÈME Scène I ................................................................054 Scène II ...............................................................090 ACTE TROISIÈME Scène I ................................................................113 Scène II ...............................................................142 ACTE QUATRIÈME Scène I ................................................................210 Scène II ...............................................................240 ACTE CINQUIÈME Scène I ................................................................245 BONUS .........................................................306
ACTE 1 - SCÈNE I
ATHÈNES LE PALAIS DE THÉSÉE
belle hippolyte, l’heure de notre union s’avance à grands pas : quatre jours fortunés amèneront une lune nouvelle ; mais… que l’ancienne me semble lente à décroître ! elle retarde l’objet de mes désirs… comme une marâtre, ou une douairière, qui puise longtemps dans les revenus du jeune héritier. THÉSÉE et quatre nuits auront bientôt fait couler le temps comme un songe… quatre jours seront bientôt engloutis dans la nuit… HIPPOLYTE
et alors la lune, comme un arc d’argent nouvellement tendu dans les cieux, éclairera la nuit de nos noces. allez, philostrate ; entraînez la jeunesse athénienne à se divertir… réveillez les esprits vifs et légers de la joie ; renvoyez aux funérailles la mélancolie : cette pâle compagne n’est pas faite pour notre fête. hippolyte, je t’ai fait la cour l’épée à la main, j’ai conquis ton cœur par les rigueurs de la guerre ; mais je veux t’épouser sous d’autres auspices… au milieu des cortèges, des triomphes et des fêtes.
soyez heureux, thésée, notre illustre duc ! ÉGÉE je viens, le cœur plein d’angoisses, me plaindre de mon enfant, de ma fille hermia. je vous rends grâces, bon égée : quelles nouvelles nous annoncezvous ? HERMIA
DÉMÉTRIUS mon noble prince, ce jeune homme a mon consentement pour l’épouser. avancez, démétrius. avancez, lysandre. et celui-ci, mon gracieux duc, a ensorcelé le cœur de mon enfant. LYSANDRE
c’est toi, toi, lysandre, qui lui as récité des vers et qui as échangé avec ma fille des gages d’amour. tu as dérobé avec adresse le cœur de ma fille, et changé l’obéissance qu’elle doit à son père en un âpre entêtement. tu as, à la clarté de la lune, chanté sous sa fenêtre, avec une voix trompeuse, des vers d’un amour trompeur… tu as surpris son imagination avec des bracelets de tes cheveux, avec des bagues, des bijoux, des hochets, des colifichets, des bouquets, des friandises… messagers d’un ascendant puissant sur la tendre jeunesse !
ainsi, gracieux duc, dans le cas où elle oserait refuser ici devant votre altesse de consentir à épouser démétrius… je réclame l’ancien privilège d’athènes. comme elle est à moi, je puis disposer d’elle… et ce sera pour la livrer à ce jeune homme ou à la mort, en vertu de notre loi, qui a prévu expressément ce cas. que répondez-vous, hermia ? charmante fille, écoutez-moi. votre père devrait être un dieu pour vous : c’est lui qui a formé vos attraits… vous n’êtes à son égard qu’une image de cire, qui a reçu de lui son empreinte ; et il est en sa puissance de laisser subsister l’image, ou de la briser.
démétrius est un digne jeune homme. lysandre aussi. il est par lui-même plein de mérite ; mais, dans cette occasion, faute d’avoir l’agrément de votre père, c’est l’autre qui doit avoir la préférence. je voudrais que mon père pût seulement voir avec mes yeux. c’est plutôt à vos yeux de voir avec le jugement de votre père.
je supplie votre altesse de me pardonner. je ne sais pas par quelle force secrète je suis si téméraire… ni à quel point ma pudeur ose ici, en votre présence, plaider pour mes pensées. mais je conjure votre altesse de me faire connaître ce qui peut m’arriver de plus funeste, dans le cas où je refuserais d’épouser démétrius. voyez si, n’adoptant pas le choix de votre père, vous pourrez supporter l’habit d’une religieuse, être à jamais enfermée dans l’ombre d’un cloître… rester toute votre vie vierge et nonne, chantant des hymnes languissants à la froide et stérile lune. c’est, ou de subir la mort… ou de renoncer pour jamais à la société des hommes. ainsi, belle hermia, interrogez vos désirs, considérez votre jeunesse, consultez votre cœur.
je veux croître, vivre et mourir comme elle, mon prince, plutôt que de céder ma virginité à l’autorité d’un homme dont il me répugne de porter le joug, et dont mon cœur ne consent point à reconnaître la souveraineté. prenez du temps pour réfléchir ; et à la prochaine nouvelle lune, jour qui scellera le nœud d’une éternelle union entre ma bienaimée et moi… ce jour-là même, préparez-vous à mourir, pour votre désobéissance à la volonté de votre père ; ou bien à épouser démétrius, comme il le désire ; ou enfin à prononcer, sur l’autel de diane, le vœu qui consacre à une vie austère et à la virginité. trois fois heureuses, celles qui peuvent maîtriser assez leur sang… pour supporter ce pèlerinage des vierges : mais plus heureuse est sur la terre la rose distillée… que celle qui, se flétrissant sur son épine virginale, croît, vit, et meurt dans un bonheur solitaire. 19
cédez, chère hermia. et vous, lysandre, cédez votre titre imaginaire à mes droits certains. vous avez l’amour de son père, démétrius, épousez-le ; mais laissez-moi l’amour d’hermia. dédaigneux lysandre ! c’est vrai, il a mon amour ; et mon amour lui fera don de tout ce qui m’appartient. elle est mon bien, et je transmets tous mes droits à démétrius. mon prince, je suis aussi bien né que lui ; aussi riche que lui, et mon amour est plus grand que le sien : mes avantages peuvent être égaux à ceux de démétrius… si ce n’est supérieurs ; et, ce qui est au-dessus de toutes ces vanteries, je suis aimé de la belle hermia. pourquoi donc ne ferais-je pas valoir mes droits ?
démétrius, je le lui soutiendrai en face, a courtisé la fille de nédar, hélène, et il a séduit son cœur… elle, pauvre femme, adore passionnément, adore jusqu’à l’idolâtrie cet homme inconstant et coupable. je dois convenir que ce bruit est venu jusqu’à moi, et que j’avais l’intention d’en parler à démétrius ; mais surchargé de mes affaires personnelles, cela m’est sorti de l’esprit. mais venez, démétrius ; et vous aussi, égée, vous allez me suivre. j’ai quelques instructions particulières à vous donner. quant à vous, belle hermia, voyez à faire un effort sur vous-même pour soumettre vos penchants à la volonté de votre père.
venez, mon hippolyte. comment vous sentez-vous, ma bien-aimée ? démétrius, et vous, égée, suivez-nous. j’ai besoin de vous pour quelques affaires relatives à notre mariage ; et je veux conférer avec vous sur un sujet qui vous intéresse personnellement. autrement, la loi d’athènes, que nous ne pouvons adoucir par aucun moyen, vous oblige à choisir entre la mort et la consécration à une vie solitaire. nous vous suivons, prince, avec respect et plaisir.
qu’avez-vous donc, ma chère ? pourquoi cette pâleur sur vos joues ? quelle cause a donc si vite flétri les roses ? apparemment le défaut de rosée, qu’il me serait aisé de leur prodiguer de mes yeux gonflés de larmes.
hélas ! j’en juge par tout ce que j’ai lu dans l’histoire, par tout ce que j’ai entendu raconter, jamais le cours d’un amour sincère ne fut paisible… mais tantôt les obstacles viennent de la différence de la naissance… oh ! quel malheur, quand on est enchaîné à quelqu’un de plus bas que soi ! tantôt les cœurs sont mal assortis à cause de la différence des années… ô douleur ! quand la vieillesse est unie à la jeunesse.
oh ! c’est un enfer, de choisir l’objet de son amour par les yeux d’autrui. tantôt c’est le choix de nos amis qui contrarie l’amour… ou, s’il se trouvait de la sympathie dans le choix, la guerre, la mort ou la maladie, sont venues l’assaillir et le rendre momentané comme un son… rapide comme une ombre, court comme un songe, passager comme l’éclair qui, au milieu d’une nuit sombre, découvre, dans un clin d’œil, le ciel et la terre…
puisque c’est un revers commun, et aussi inséparable de l’amour que les pensées, les songes, les désirs et les larmes, accompagnement indispensable de nos pauvres penchants. apprenons donc à le subir avec patience… si les vrais amants ont toujours été contrariés, c’est un arrêt du destin… et avant que l’homme ait eu le temps de dire : voyez ! le gouffre de ténèbres l’a englouti. c’est ainsi que tout ce qui brille est prompt à disparaître.
elle me considère comme son fils unique. là, chère hermia, je peux t’épouser, et la dure loi d’athènes ne peut nous y poursuivre. j’ai une tante qui est veuve, douairière, possédant une immense fortune, et qui n’a point d’enfants. sa maison est éloignée d’athènes de sept lieues… sage conseil ! écoute-moi donc, hermia… ainsi, si tu m’aimes, dérobe-toi de la maison de ton père demain dans la nuit, et dans le bois, à une lieue hors de la ville… au même endroit où je te rencontrai une fois avec hélène, allant rendre votre culte à l’aurore de mai : là, je te promets de t’attendre. mon cher lysandre, je te jure, par l’arc le plus fort de l’amour, par la plus sûre de ses flèches dorées… par la douce candeur des colombes de vénus, par les nœuds secrets qui enchaînent les âmes et font prospérer les amours…
par les feux dont brûla la reine de carthage, lorsqu’elle vit le perfide troyen mettre à la voile… par tous les serments que les hommes ont violé, plus nombreux que n’ont jamais été ceux des femmes, au lieu même que tu viens de m’assigner, demain, sans faute, j’irai te rejoindre.
tiens ta promesse, ma bien-aimée. regarde, voici hélène qui vient. HÉLÈNE
dieu vous accompagne, belle hélène ! où allez-vous ainsi ? vous m’appelez belle ? ah ! rétractez ce mot de belle. démétrius aime votre beauté ; ô heureuse beauté !
la maladie est contagieuse. oh ! que n’en est-il ainsi des charmes ! je m’emparerais des vôtres, belle hermia, avant de vous quitter. mon oreille saisirait votre voix ; mes yeux vos regards… et ma langue ravirait le doux accent de la vôtre. vos yeux sont des étoiles polaires ; et la douce mélodie de votre voix… est plus harmonieuse que le chant de l’alouette à l’oreille du berger, lorsque les blés sont verts, et que l’aubépine commence à montrer les boutons de ses fleurs.
si l’univers était à moi, je le donnerais tout entier… excepté démétrius, pour changer de formes avec vous. oh ! enseignez-moi la magie de vos yeux, et par quel art vous gouvernez les mouvements du cœur de démétrius.
je le regarde d’un air fâché, et cependant il m’aime toujours. oh ! si vos regards courroucés pouvaient apprendre leur secret à mes sourires ! sa folle passion, chère hélène, n’est point ma faute. non : ce n’est que la faute de votre beauté. oh ! si mes prières pouvaient éveiller en lui pareille tendresse ! je le maudis, et cependant il me rend en retour son amour. plus je le hais, plus il s’obstine à me suivre. plus je l’aime, plus il me hait. ah ! plût au ciel que cette faute fût la mienne ! consolez-vous, il ne verra plus mon visage.
oh ! quel charme émane donc de mon amant, pour avoir ainsi changé un ciel en enfer ? lysandre et moi, nous voulons fuir de cette ville. avant le jour où je vis lysandre, athènes me semblait un paradis. hélène, nous allons vous ouvrir nos âmes. nous avons résolu de franchir furtivement les portes d’athènes. et parera de perles liquides le gazon touffu, heure qui cache toujours la fuite des amants… demain dans la nuit, quand phébé contemplera son front d’argent dans l’humide cristal… 34
épanchant dans le sein l’une de l’autre les doux secrets de nos cœurs : c’est là, que nous devons nous trouver, mon lysandre et moi… et dans les bois, où souvent vous et moi nous avions coutume de reposer sur un lit de molles primevères… afin de partir, en détournant pour jamais nos yeux d’athènes pour chercher de nouveaux amis et une société nouvelle. oui, mon hermia. lysandre, tiens ta parole ; il faut priver nos yeux de l’aliment des amants, jusqu’à demain dans la nuit profonde. et que le sort favorable t’accorde enfin ton démétrius. adieu ! chère compagne de mes jeux, prie pour nous…
hélène, adieu ! puisse démétrius vous adorer autant que vous l’adorez ! combien certains mortels sont plus heureux que d’autres !
je passe dans athènes pour être aussi belle qu’elle. mais que m’importe ? démétrius n’en pense pas de même : il ne saura jamais ce que tout le monde sait, excepté lui. comme il se trompe en adorant les yeux d’hermia, je me trompe moimême en admirant son mérite. l’amour peut transformer les objets les plus vils, le néant même, et leur donner de la grâce et du prix. l’amour ne voit pas avec les yeux, mais avec l’âme ; et voilà pourquoi l’ailé cupidon est peint aveugle… l’âme de l’amour n’a aucune idée de jugement : des ailes, et point d’yeux, voilà l’emblème d’une précipitation inconsidérée…
et c’est parce qu’il est si souvent trompé dans son choix, qu’on dit que l’amour est un enfant. comme les folâtres enfants se parjurent dans leurs jeux, l’enfant amour se parjure en tous lieux.
mais à peine cette grêle a-t-elle reçu la chaleur d’hermia que ses serments se sont dissous et fondus en pluie. avant que démétrius eût vu les yeux d’hermia, il pleuvait de sa bouche une grêle de serments, pour attester qu’il n’était qu’à moi seule… je vais aller lui annoncer la fuite de la belle : il ira demain dans la nuit la poursuivre au bois… et si j’obtiens quelques remerciements pour cet avis, il lui en coûtera beaucoup… mais je veux du moins consoler ma peine par sa vue en ce lieu, et m’en retourner ensuite.
En librairie le 3 septembre Un classique de la comédie shakespearienne à redécouvrir en manga !
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MANGA CLASSIC: A MIDSUMMER NIGHT’S DREAM © 2018 Manga Classics, Inc. All rights reserved Originally published in 2018 by Manga Classics, Inc. French translation rights arranged with UDON Entertainment Inc., through Tuttle-Mori Agency, Inc., Tokyo Édition française : 2025 Pika Édition / nobi nobi ! Tous droits réservés Traduction originale : François Guizot Postface : Tomoko Seigneurgens Adaptation graphique : Studio Charon Charte graphique : Nans Grall Suivi éditorial : Elise Rouyer Suivi graphique : Emilie Roger Direction éditoriale : Pierre-Alain Dufour Direction artistique : Olivier Pacciani Loi n° 49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. ISBN 978-2-37349-996-4 / 01 ISSN 2649-3063 Dépôt légal : août 2025 Pika Édition, SAS : Immeuble Louis Hachette, 58, rue Jean Bleuzen, 92178 Vanves Cedex. France nobinobi@pika.fr Imprimé en Italie par Grafica Veneta. nobi nobi ! s'engage pour l'environnement en réduisant l'impact carbone de ses livres. Rendez-vous sur www.pika-durable.fr Vous êtes ici à la fin du livre. Ce manga est publié dans son sens de lecture original : Il faut donc le lire de droite à gauche. ATTENTION !
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